Comment j'ai eu la bonne idée d'écrire ce livre. Et pourquoi ce n'en serait pas une mauvaise, pour vous, de le lire.
tout a commencé par une dispute. Avec mon mari. La cause? Il n'avait pas daigné bouger quand, en pleine nuit, et d'un cri strident, notre fille de quatre ans l'avait appelé. Pas grave, à première vue. Si ce n'est que le matin, quand je lui ai reproché, il s'est justifié en disant qu'il n'avait rien entendu. Tu parles, à d'autres, j'ai répliqué. Tu ne me crois pas, il a demandé. Qui pourrait te croire, j'ai répondu. Et là on a carrément décidé, comme dans une cour de récré, de ne plus se causer.
Et SI, PARFOIS, L'HOMME ETAIT SOURD ?
Trois jours plus tard, dans une librairie, mes yeux balayent distraitement les piles de guides et autres manuels pour aller mieux dans la vie. Et s'arretent sur le titre plutot amusant de l'un d'eux, consacré au couple. Je l'ouvre. Et tombe sur l'incroyable vérité: les hommes, qui sont programmés, de toute éternité, pour détecter, en plein sommeil, le moindre craquement d'une branche qui menace de casser - rapport à leur role archaique de chasseur et de protecteur du foyer -, ne le sont définitivement pas pour entendre les pleurs, autrement plus bruyants, de leur propre enfant. L'auteur n'avançait pas du tout cette thèse étrange dans le but de sauver mon mari, et ses semblables, des représailles sanglantes que leur comportement indigne ne manquait pas de provoquer, mais parce qu'il l'avait tout simplement vérifiée, scanner à l'appui. La nuit, en plein sommeil, du bois qui crisse, le cerveau masculin réagit. La chair de sa chair qui crie, le cerveau masculin demeure au plus profond de son apathie. Le soir meme, comme si de rien n'était, j'accueillais avec le sourire mon mari, qui a du penser que j'étais victime d'une sorte d'amnésie.